2013年3月15日金曜日

Jean-Philippe JAWORSKI - Gagner la guerre

Pour rester dans la fantasy francophone, un petit bijou qui traînait depuis quelque temps dans ma bibliothèque et que j'avais un peu la flemme de commencer à lire, surtout parce que c'est un livre de poche de mille pages, et que les éditeurs francophones ne nous en livrent pas souvent.

Cette perle, c'est Gagner le guerre, de Jean-Philippe Jaworski. Et franchement... C'est un véritable poing dans la gueule (vous comprendrez les allusions quand vous aurez lu le bouquin en question).

Nous sommes donc ici dans le monde créé par un biclassé rôliste-écrivain (ce qui n'est pas si rare, somme toute, mais la classe écrivain de talent l'est un peu plus), qui nous emmène dans son Vieux Monde, ce qui au premier abord, peut sembler un peu classique (et donc inciter à juste titre à la méfiance).

... Et puis, très vite, le bouquin nous passe dessus comme une galère de guerre.

Premièrement, c'est une kilo-page racontée à la première personne par un individu détestable, don Benvenuto Gesufal, assassin, espion, au service d'un maître plus détestable encore.

L'action tourne essentiellement autour d'une cité-Etat qui mélange un peu la Venise des doges et l'Espagne reconquise, le tout après une guerre féroce.

Nous sommes donc ici dans ce que je pourrais appeler de la fantasy anti-épique. Parce que la guerre est terminée et que maintenant, et pendant 1k pages, il va falloir que les gagnants manipulent, trahissent, assassinent, trompent, pour asseoir et consolider tout le poids de leur victoire... (Je ne vous en dis pas plus : tout est à découvrir dans cet opuscule).

Le phrasé est parfait (trois ans d'écriture !), et l'odieux Benvenuto n'hésite à haranguer son lecteur de façon malsaine, personnellement. Il nous décrit avec force détails et truculence ses déboires et ses exactions (le plus souvent), ainsi que sa condition, finalement, de simple outil politique fort repoussant.

J'ai eu un peu d'appréhension quand sont entrés en scène les quelques Elfes de cet ouvrage : tout commençait bien avant l'apparition surprenante des clichés bien classiques et bien vieillis... Et pourtant, là aussi, un petit tour de force littéraire (qui vaut la peine mais dont je vous laisse l'entière découverte) nous éloigne, avec faconde, des déjà-vus du genre.

Bref, Gagner la Guerre, c'est pour moi un chef d'œuvre de ce que devrait être la fantasy francophone : originale, pleine de verve et surtout complètement sourde aux enfantines théories manichéennes qui corrompent le genre. Cette novelette, c'est de la pure fantasy pour adultes, implacable et bien méchante. Bref, de la vraie littérature. (Et pour ceux qui comprendront, même Alias a aimé).

Me réjouis donc de lire l'autre ouvrage du monsieur, Janua Vera.


Disponible en librairie et en version électronique, mais pour pas tellement moins cher (encore...).
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